Les derniers défenseurs de Berlin
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derniers défenseurs de Berlin en 1945
bataille de berlin en 1945

A mesure que les Russes s'enfonçaient plus avant au cœur de la ville, les territoriaux se débandaient, abandonnant sur place uniformes et brassards. Certains officiers en vinrent à dissoudre délibérément leurs unités.
Un peu partout dans Berlin, les soldats commençaient à déserter.
Des groupes de SS rôdaient dans la ville en quête de déserteurs, et se chargeaient de faire justice eux-mêmes. Ils arrêtaient pratiquement toute personne en uniforme pour vérifier les identités et les unités. Tout homme soupçonné d'avoir abandonné sa compagnie était fusillé sans autre formalité, ou bien pendu à un arbre ou à un réverbère pour servir d'exemple.
De toute part désormais, les défenseurs de Berlin étaient refoulés vers les ruines des quartiers du centre. Pour ralentir la progression russe, on fit sauter 120 des 248 ponts de la capitale. Il restait si peu de dynamite que le général Weidling dut avoir recours à des bombes d'avion. Des fanatiques détruisirent de plus certaines installations sans songer aux conséquences possibles.
Les SS firent notamment sauter un tunnel de 6 500 mètres qui passait sous un bras de la Spree et sous le canal de la Landwehr. C'était un tunnel de jonction ferroviaire où avaient trouvé refuge des milliers de civils. Quand l'eau se mit envahir le tunnel, ce fut une ruée frénétique le long des voies en direction des parties plus élevées de l'ouvrage. Le tunnel n'était pas seulement bondé de réfugiés, il s'y trouvait également quatre trains sanitaires chargés de blessés.
Presque tous périrent.

Les Russes arrivaient partout en masse compacte, refoulant les faibles forces qui défendaient la ville. Les Volkssturm, la police, les pompiers, toutes ces unités combattaient côte à côte, mais sous des commandements différents. Si elles luttaient pour tenir le même objectif, les ordres qu'elles recevaient étaient souvent contradictoires. Beaucoup d'hommes, en fait, ignoraient qui étaient leurs officiers. Le nouveau commandant d'armes de Berlin, le général Weidling, avait réparti les quelques vétérans rescapés de son 56e panzers dans les différentes zones de défense pour appuyer la Volkssturm et les Jeunesses hitlériennes, mais c'était une goutte d'eau dans la mer.
Zehlendorff tomba presque immédiatement. Les Jeunesses hitlériennes et les territoriaux qui tentaient de résister devant l'hôtel de ville furent anéantis. Le maire hissa le drapeau blanc, puis se suicida. A Weissensee, où les communistes étaient en majorité avant l'avènement de Hitler, la capitulation fut immédiate en bien des points, et des drapeaux rouges apparurent, dont beaucoup portaient encore des traces révélatrices, là où on avait en hâte décousu les croix gammées.
Les barricades furent balayées comme fétus de paille. Pour aller plus vite, les tanks russes faisaient sauter les immeubles plutôt que d'envoyer des soldats à la recherche des tireurs d'élite. L'armée rouge ne perdait pas de temps. Certains obstacles, comme les tramways et les chariots chargés de pierres, étaient démolis au canon, à bout portant. Quand ils rencontraient des défenses plus solides, les Russes les contournaient.
L'artillerie rasa les quartiers centraux mètre par mètre. Au fur et à mesure de leur progression, les Russes amenaient à pied d'oeuvre les grandes formations de canons et d'orgues de Staline utilisées sur l'Oder et la Neisse. Sur les aérodromes de Tempelhof et de Gatow, les canons alignés se touchaient presque. Il en était de même dans les forêts de Grunewald et de Tegel, dans les parcs et dans tous les espaces libres — même dans les jardins des immeubles.
Les principales artères étaient encombrées de rangées entières d'orgues de Staline faisant pleuvoir une grêle ininterrompue d'obus au phosphore qui transformaient en brasiers des quartiers entiers. « Les incendies étaient si nombreux, se rappelle le territorial Edmund Heckscher, qu'il n'y avait plus de nuit. On aurait pu lire le journal comme en plein jour, si on avait eu des journaux. »

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